Ermelinde, la chatte du baron de Gleichen

Presentation ermelinde 3

Les sept vies d'Ermelinde

Ce livre a été publié à compte d'auteur en 2020, aux Editions Vérone. Je ne tente pas une réédition. Je l'offre - sur ce site, en forme de feuilleton - aux amoureux de l'Histoire et/ou des chats. UNE SEULE CONDITION  : être membre (abonné.e du site) ; c'est gratuit et cela ne vous engage à rien avec seulement des avantages (accès à toutes les pages)  Chaque épisode sera accompagné d'un document iconographique ou textuel parfois inédit. Bien entendu, je vous invite à m'envoyer un petit commentaire qui rejoindra ceux (ci-dessous) lors de la parution du livre (2020) et je vous en remercie !

18 novembre : rendez-vous pour le chapitre II : Une carrière cosmopolite

Commençons par le prologue (accès libre)

–  Je m’appelle Ermelinde. 
–  Vous avez dit Er-me-lin-de ? 
–  Oui, cela vient du germanique « ehre » et « lind », ce qui a rapport à l’honneur et à la douceur. 
–  Plutôt flatteur ! 
–  Il faut dire que je suis la chatte de l’ambassadeur du Danemark en France : le baron Charles-Henri de Gleichen (Carl Heinrich von Gleichen), fils unique du grand veneur du margrave de Bayreuth. 
–  Je ne connais pas ! 
–  C’était un homme charmant, fort apprécié dans les salons des grandes dames qui recevaient tout ce que la société de l’époque comprenait de brillantissime. 
–  Vous devez avoir de beaux souvenirs ? 
–  Vous ne sauriez mieux dire et vous comprendrez le pourquoi et le comment de cette petite somme mémorielle et aléatoire : en plus de mes sept vies – certains de mes congénères en ont neuf – j’étais dotée d’un don d’ubiquité dont j’avoue avoir usé et abusé. 
–  Je ne vous crois pas. 
–  Il n’est jamais nécessaire de croire. Vous avez entendu parler de la déesse égyptienne Bastet ? Je vivais sous sa protection. Et il faut dire que mon maître, féru d’ésotérisme, fréquentait quelques charlatans sympathiques comme le comte Saint-Germain qui passait pour immortel et le fameux Cagliostro que l’on disait thaumaturge. 
–  Peut-être ceci explique-t-il cela… 
–  Bien sûr. J’étais parfaitement informée de ce qui se passait à la ville et à la cour. Je vais donc vous raconter ce que j’ai vu et entendu dans le beau pays de France à partir de 1763, (date de la prise de fonction du baron et date du traité de Paris qui a mis fin à la guerre de Sept ans) jusqu’à la bataille d’Eylau qui, hélas, était loin de mettre fin aux guerres napoléoniennes. Les Souvenirs  (1) du baron suppléeront à quelques trous de mémoire.
–  Pourquoi vous arrêter à Eylau ? 
–  Parce que cette bataille peu décisive eut lieu l’année de la mort de mon maître à Ratisbonne. Le baron était âgé de 72 ans. Je peux affirmer que l’entrée des troupes françaises dans cette ville deux ans après ne lui aurait pas déplu. Il connaissait bien la France, il avait beaucoup voyagé, mais il aimait surtout les voyages imaginaires et se satisfaisait, comme il disait, de ses paysages intérieurs. Par ailleurs, il n’était pas loin de croire en la réincarnation. Je me demande sous quel habit de baron – ou de comte – il a pu renaître, mais ce serait une autre histoire. La mienne suffira. Les règnes de Louis XV et de Louis XVI, c’est long pour une vie de chat bien que nous en ayons neuf... 
–  Certes ! Il s’en est passé des choses jusqu’à l’Empire ! 
–  Oui ! Il y a eu ce que les bipèdes de votre espèce les plus avertis appellent une révolution. J’entends encore la réponse du duc de La Rochefoucauld-Liancourt, réveillant le roi pour l’informer de la prise de La Bastille : « Mais, c’est une révolte ? – Non, Sire, c’est une révolution ! » À cette époque, j’avais eu l’occasion de traquer la souris dans les longs couloirs sombres et malodorants de Versailles... 
Je suis une chatte angora ; ma robe de soie gris perle et ma coquette collerette, seyantes dans les salons, ne m’incitent point au vagabondage, encore que... Mes frères des gouttières ne m’intéressaient guère. Et il n’était pas prudent de se promener sur les toits du château car le bruit courait que Louis XVI, un roi chasseur (comme tous les rois) s’exerçait au tir en visant les matous qui faisaient leur sarabande nocturne avec les chattes de mauvaise vie. Il est vrai qu’on entendait parfois des détonations qui vous vrillaient le tympan. Ah ! Ce roi malchanceux a bien mérité ce que vous savez, mais je ne suis pas vindicative... 
Commençons maintenant par le début. Permettez-moi de m’attarder sur la vie du baron que je connais par ouï-dire car son parcours est étonnant et je suis fière d’avoir eu un tel maître. 

1. Les Souvenirs du baron de Gleichen, précédés d’une notice détaillée par Paul Grimblot ne furent publiés qu’en 1868.

 

Info


Merci d'indiquer les références en cas d'emprunt. A suivre en cliquant sur le bouton ci-dessous.

Contributions, illustrations

Blender 1

de reginabendermalzimmer

sur Instagram

569889924 815181128351244 1146968084834571679 n

Vos avis ici

Bille rose L'article de MDIAQ  :

Ce livre peut plaire tant aux amoureux des chats qu'aux passionnés d'histoire, qui apprécieront de pouvoir appréhender l'histoire par le point de vue d'ERMELINDE qui s'exprime à la première personne du singulier ; pour cause, elle est à la fois la narratrice et le personnage principal de l'histoire ; et c'est d'ailleurs, toute la richesse de cet écrit ! Bien souvent, les romans qui nous transportent dans une temporalité antérieure peuvent sembler accessibles aux érudits mais moins attrayants pour le lecteur lambda ; ce qui est loin d'être le cas de ce livre grâce au dynamisme de ces échanges et au regard éclairé et éclairant que porte Ermelinde sur les événements historiques qu'elle nous permet de vivre indirectement. Il y a une surréalité dans cette réalité; le fond de l'histoire, composé d'événements historiques réels est d'autant plus captivant, que la forme imagée incarnée par Ermelinde ; entendons: ses dialogues, ses pensées, son regard porté sur les événements confèrent à l'ensemble une réalité à laquelle on croit, elle est plausible et rend ce personnage félin très attachant ; On salue donc sa répartie, sa sagesse et sa "majesté spirituelle", fidèle à l'image que l'on se fait des chats en général. Un ouvrage et une représentante féline pleine d'esprit ; par exemple, Ermelinde clarifie la méprise entre "Angora" ou devrions-nous dire, avec davantage de précisions, "D'angora" et non "d'Angola". C'est donc, une chatte vive d'esprit, et c'est ce qu'on se plaît à imaginer au quotidien ; si les chats pouvaient parler, sans nul doute qu'ils se montreraient subtils, raffinés, déconcertants de clairvoyance; peut-être même bien loin de la grandiloquence dont feraient certainement usage les chiens. Elle survit à son humain avec philosophie et humilité, ce qui renforce encore l'estime que l'on nourrit progressivement pour Ermelinde au fil des pages.

Un ouvrage qui n'exclut pas les chiens ; j'ai particulièrement apprécié le chapitre 16 "Eylau, de triste mémoire", qui relate la fin héroïque de "moustache" ; l'humain fait bien trop souvent abstraction de la présence animale sur le champ de bataille ou du rôle joué par les chiens, chevaux ou même oiseaux, au travers l'histoire ; Je recommande ce livre aux amoureux du temps ; de la pensée, des belles lettres, car soyons clairs ; c'est un ouvrage extrêmement bien rédigé tant par la syntaxe, les tournures de phrases, les référents culturels ou encore le vocabulaire mobilisé lors de sa rédaction. Il est frais malgré la période concernée, il est lumineux et très agréable à parcourir. Les protagonistes nous emportent, le temps d'une lecture, en ces temps de renouveau, avec le bonheur de redécouvrir l'Histoire sous un angle nouveau.

Pour voir l'article de MDIAQ Ne manquez pas ce blog.

Bille rose le commentaire de Robert de Laroche :

Simone Gougeaud-Arnaudeau est une brillante dix-huitiémiste, qui a consacré plusieurs ouvrages à des figures attachantes du siècle des Lumières, comme le comte de Caylus, La Mettrie, Crébillon ou Madame Helvétius, qui avait déjà retenu l’intérêt de Leonor Fini par sa passion immodérée pour les chats. J’ai eu le plaisir de publier à La Tour Verte deux livres de Simone, "Les Chats de noble compagnie", une très belle anthologie consacrée au chat chez les auteurs du XVIIIe siècle, et un petit essai très original sur "Le Chat d’Émile Zola", qui révélait à quel point la présence du félin domestique était importante tout au long des Rougon-Macquart.

Avec Ermelinde, c’est toujours de chats qu’il s’agit, ou pour être plus précis, d’une chatte, fort célèbre en son temps, compagne d’un diplomate germanique, Karl Heinrich von Gleichen (ou Charles-Henri de Gleichen, comme aimait se faire appeler ce francophile), longtemps ambassadeur du Danemark en France. C’est cette belle chatte angora qui raconte la vie de son maître, l’auteure adoptant avec un art consommé le ton de la fable (en pleine vogue à l’époque qu’elle évoque) pour retracer le parcours de Gleichen, de la cour de Bayreuth à celle de Versailles, sous Louis XV, jusqu’à la Révolution, Gleichen s’éteignant en 1807 en exil, l’année de la bataille d’Eylau. Guidés par cette Shéhérazade féline, on croise une foule de personnages, dont Wilhelmine de Brandebourg-Bayreuth, Voltaire, Choiseul, Madame Geoffrin, Louise-Honorine Crozat, l’abbé Galiani, Mirabeau… On apprend bien des choses à la lecture de ce petit livre (joliment illustré par Pauline Touli), car l’érudition de Simone Gougeaud-Arnaudeau est grande sans être jamais pesante, et son ambassadrice féline a le chic pour mêler l’Histoire des hommes (la grande et la petite) avec celle des chats, ce qui lui permet aussi d’évoquer la condition du monde animal, dans la société parisienne et européenne du XVIIIe siècle.

Le résultat est tout à fait séduisant, présenté comme une succession de tableaux qui s’animent sous les pattes de la marionnettiste Ermelinde, à la fois curieuse, amusée ou critique face au spectacle que se donnent les protagonistes d’une époque qui vit les derniers instants d’un âge d’or avant de basculer dans la terreur et les guerres. Ermelinde plaira tout autant aux passionnés d’Histoire et aux admirateurs des chats.Robert de Laroche

Rejoignez Robert sur son compte FACEBOOK

Bille rosela recension d'Alfred Gilder dans le n° 143 de L'écrivain combattant : "Depuis La Fontaine et Raminagrobis, il n'était pas arrivé, du moins à ma connaissance, qu'un chat parle. Et là, ce n'est pas n'importe quel chat, ni auprès de n'importe qui. Ermelinde est un félin de luxe. Cette chatte angora authentique tient des propos de haute volée. C'est normal puisqu'elle officie auprès de l'ambassadeur du Danemark à Paris au temps de Choiseul. A l'écouter, on apprend beaucoup sur les hommes au XVIIIe siècle, dont l'auteur est une spécialiste. Comme elle a neuf vies, Ermelinde raconte des choses pittoresques sur ce qui s'est passé entre 1763 et 1807, date de la mort de son maître et, aussi, de la bataille d'Eylau. Petit livre délicieux, à lire sans modération.

Bille roseQuelques autres appréciations :

- Jean-Pierre A. : "Très intéressant : Ermelinde rejoint à juste titre les animaux qui ont déjà une place dans l'Histoire."

- Christian D. : "Drôle et attachante, Ermelinde nous instruit sur l'histoire des hommes comme sur l'histoire des chats."

- Sylvie J. : "Une tranche d'histoire sous un regard félin. Je me suis régalée."

Date de dernière mise à jour : 10/11/2025