Littérature

LivrePour les bibliovores…

La femme de ménage, par Freida Mac Fadden

Le 02/07/2024


Femme de menageJe viens d’achever la traduction française du thriller psychologique "La femme de ménage", écrit par l’auteur américaine Freida Mac Fadden. Dès les premières pages, j’ai été captivée par la finesse des points de vue féminins et cette sororité qui se crée contre la maltraitance faite aux femmes. La narration, toute en nuances, maintient le lecteur en haleine et le projette de rebondissement en rebondissement, un véritable tour de force littéraire.

L’un des grands intérêts de ce roman réside dans la profondeur de l’analyse psychologique de Millie, le personnage principal de l’histoire, celui qui incarne la femme de ménage. À travers elle, l’auteur explore les méandres de l’esprit humain avec une acuité remarquable. Millie est un protagoniste complexe, dont les pensées et les émotions sont dépeintes avec une justesse et une sensibilité exceptionnelles. Sa lutte intérieure, ses peurs et ses espoirs constituent une peinture si authentique que le lecteur ne peut s’empêcher de s’identifier à elle et de ressentir intensément ses dilemmes, ses contradictions et ses interrogations…

Les personnages féminins, entiers et authentiques, se démarquent par leur profondeur et leur complexité. Ils incarnent diverses facettes de la condition féminine et invitent le lecteur à une analyse approfondie des relations humaines. À travers leurs yeux, nous découvrons des réalités parfois douloureuses, souvent poignantes, mais toujours criantes de vérité.

L'intrigue, magistralement construite, explore les thématiques de la violence et de l'injustice avec une sensibilité et une acuité remarquables. Elle nous rappelle l'importance de l’écoute et de la vigilance à l’égard de la gent féminine parfois malmenée. Chaque page nous interpelle, nous incite à réfléchir et à nous engager.

Merci pour ce roman qui, au-delà de son suspense haletant, invite chacun et chacune de nous à une prise de conscience et à une solidarité active envers les femmes victimes de violences. "La femme de ménage" est bien plus qu'un thriller ; c'est un appel à la compassion, à la réflexion, voire à l’action…

La Voyageuse de nuit, Françoise Chandernagor, 2008

Le 16/05/2024

V chandernagorFrançoise Chandernagor, dans son roman La Voyageuse de nuit, publié en 2008, compose une œuvre captivante qui allie profondeur psychologique et réflexion poignante sur la vieillesse et la fin de vie.

L'auteur plonge ses lecteurs dans l'intimité familiale d'une vieille dame, autrefois, femme au foyer dynamique qui a consacré sa vie à éduquer ses quatre filles. Chandernagor dépeint avec une sensibilité rare les pensées et émotions de cette mère et de ses filles. La figure maternelle, soutenue par ses enfants, se bat pour conserver sa dignité et son identité, dans un monde où les personnes malades et âgées sont parfois reléguées au second plan.

Ce qui rend la lecture de La Voyageuse de nuit particulièrement palpitante, c'est l'écriture élégante et raffinée de Chandernagor. Chaque phrase ciselée avec soin, chaque mot choisi avec précision témoignent dune maîtrise littéraire qui rend avec brio l'atmosphère familiale et la qualité des liens humains. Les descriptions, d'une esthétique mélancolique, capturent à la fois la fragilité et la résilience de la mère et de ses quatre filles, toutes héroïnes de l'oeuvre.

Le roman se distingue également par l'importance qu'il accorde à la sororité et la figure maternelle. Chandernagor explore avec profondeur les énergies familiales, les souvenirs partagés et l'amour maternel qui unit ces femmes malgré les épreuves. L'amour inconditionnel et la solidarité entre ces cinq femmes constituent le cœur battant du récit et apportent une dimension émotionnelle profonde, à valeur universelle.

Chandernagor tisse habilement des références culturelles, historiques et régionales ce qui ajoute des couleurs supplémentaires à chaque personnage. Cette érudition, loin d'alourdir le récit, l'éclaire et l'enrichit.

La Voyageuse de nuit est un hommage touchant à la femme, à la malade qui lutte, à la vieillesse, à la condition humaine et à la puissance des liens familiaux. Jamais, Chandernagor ne sombre ni dans le pathos ni dans la complaisance. Elle aborde avec lucidité et humanité les défis de la maladie et du vieillissement, mais elle célèbre surtout la force intérieure et la dignité de ses personnages.

La Voyageuse de nuit, œuvre remarquable, souligne encore une fois, le talent exceptionnel de Françoise Chandernagor. Ce roman invite à la réflexion, à l'empathie, à la lucidité, à la conscience de la finitude humaine et reste longtemps inscrit dans la mémoire du lecteur.
Voilà une belle et agréable lecture, indispensable à quiconque s'intéresse aux questions de la vie, de la mort, de la maladie, de l'amour maternel et de la solidarité familiale...

Dans les oiseaux

Le 14/05/2024

Bec corbeauDans les oiseaux de Xavier Lapeyroux (éd. Anne Carrière)

Le titre est un peu déroutant pour ceux qui ne connaisssent pas Hitchcock (mais en existe-t-il ?)

Et si l'on pouvait changer la réalité en changeant la fiction ? Milan, spécialiste d'Hitchcock, donne des cours à l'école de cinéma, la Femis. La fiction est-elle plus terrifiante que la réalité ? Il se pose beaucoup de questions depuis le décès de Suzanne, sa dernière compagne, qui a été tuée par une attaque de corbeaux. Ceux-ci s'abattent par nuées sur Paris… Pour quelle raison, par quel hasard ? Suzanne ressemble à l'héroïne du film Les oiseaux. Le hasard existe-t-il ? Inconsolable, Milan va s'évertuer à rembobiner en quelque sorte le film jusqu'au point de basculement où Suzanne meurt et s'il peut empêcher cette mort… Oui, il faut le suivre dans ses fantasmagories, et son stratagème pour reconstituer le scénario dans la réalité : ce n'est pas évident, même si l'on apprécie le fantastique. Mais si l'on a aimé le film d'Hitchcock vu (et revu), on tourne les pages jusqu'au bout. Si l'on aime les oiseaux et les corvidés en particulier, c'est une autre paire de manches, l'auteur ne semble pas bien les connaître. Un roman à conseiller  ? Je ne m'y hasarderai pas.