Ce film de Brady Corbet conte l'histoire d'un architecte talentueux László Tóth, rescapé de la Shoah, émigré aux Etats-Unis. Un destin fracassé.
Les acteurs sont brillants, à commencer par Adrien Body qui incarne le protagoniste. Sans doute le film traite-t-il trop de thèmes à la fois : l'immigration, le racisme, le pouvoir de l'argent, la drogue, le sexe, le désenchantement, mais il inscrit le destin individuel de ses personnages dans une période de l'Histoire que les contemporains ne sauraient oublier, méconnaître. Je retiens l'hymne à l'architecture, cet art premier que l'homme a inventé pour construire, aménager le monde inhospitalier dans lequel il est appelé à vivre, et dont il augmente lui-même la brutalité. Si l'architecte doit satisfaire la volonté, les fantasmes de ses commanditaires, ses créations (comme celles de tout artiste) restent conditionnées par sa propre biographie et son ressenti. L'épilogue est intéressant à cet égard.
Ce film à la construction originale est à voir en n'oubliant pas sa durée (plus de 3 heures) dont le cinéaste a fait le pari.